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Jeunes à Kairouan : Privés de loisirs

Depuis de nombreuses années, les jeunes Kairouanais qui vivent dans les zones rurales se plaignent de l’absence de loisirs et de perspectives d’emplois. Pour beaucoup, ils se contentent d’exister tout simplement…

Le temps des loisirs est l’occasion de pratiquer des activités ludiques ou culturelles, en dehors des préoccupations quotidiennes et des contraintes. Evidemment, il y a les loisirs des vacances, car chaque salarié a droit à un congé annuel payé, et puis il y a les loisirs de la retraite, de la jeunesse et de toutes les catégories sociales. Quelques citoyens interrogés citent fréquemment les exercices physiques, les promenades à pied comme moyen de détente, la lecture, la télévision, le bricolage et les travaux ménagers. D’autres s’adonnent aux plaisirs du jardinage, de l’écriture, de la peinture, de la couture ou de la musique…

En ce qui concerne les jeunes,  on constate qu’ils ne supportent plus ce climat anxiogène, ainsi que la politique d’atermoiement et de marginalisation des différents gouvernements qui se sont succédé. Résultat : de plus en plus de jeunes, laissés pour compte, qui ne supportent plus le fardeau des frustrations de l’échec scolaire, de l’ennui, de la misère et du stress, tentent de se suicider.

40% de la population du gouvernorat de Kairouan ont moins de 30 ans et ne vivent pas sous un ciel serein, surtout qu’il y a souvent une rupture entre la jeunesse active dans diverses associations et ceux qui ne le sont pas.

D’ailleurs, les jeunes écoliers, collégiens et lycéens passent leurs moments libres et leurs vacances dans un état semi-comateux, faute d’activités culturelles et d’espaces de loisirs équipés. A part les publinets, les salons de thé et les terrains vagues et poussiéreux utilisés comme terrains de foot, les jeunes ne trouvent pas de lieux pour s’épanouir, se distraire, décompresser et s’adonner à leurs hobbies préférés. Notons qu’il existe dans tout le gouvernorat de Kairouan 16 maisons des jeunes, presque désertées, puisqu’elles manquent d’équipements, d’animateurs et de programmes intéressants.

En outre, il n’existe que quatre clubs ruraux qui doivent attendre les rares visites des maisons des jeunes itinérantes pour pouvoir organiser quelques manifestations culturelles, sans aucun intérêt.

Pour ce qui est de la piscine municipale qui permettait aux jeunes Kairouanais de pratiquer la natation et de se rafraîchir en période estivale, elle est fermée depuis la fin de l’année 2019.

En effet, la mairie de Kairouan a alloué un budget de 1.775.000 D pour sa rénovation et sa restauration, d’autant plus qu’elle manquait de beaucoup de commodités, et il était prévu que cette vieille piscine soit rouverte au cours de l’année 2020.

Or, jusqu’à présent, les travaux traînent et on ne sait pas quand ils vont être achevés, car beaucoup de difficultés matérielles ont entravé la bonne marche des travaux de rénovation de cette piscine.

On aime la vie, mais on ne va pas au cinéma !

A Kairouan, les week-ends et les vacances sont pour les jeunes synonymes de platitude. Exit les divertissements, les baignades et les loisirs. Et on a beau aimer la vie, on ne va pas au cinéma, faute de salle. En outre, les espaces de loisirs sont presque inexistants. Seuls s’offrent à la vue du citoyen, dans le centre-ville les façades des immeubles et des maisons qui longent les rues et où s’entassent les poubelles.

Quant au Complexe culturel Assad Ibn El Fourat, il souffre de plusieurs lacunes, dont l’absence de personnel qualifié dans le domaine technique (son, lumière, entretien, etc.), d’un appareil de projection, de personnel de gardiennage nocturne. Et puis, les clubs ne sont pas équipés de parquet, ce qui est dangereux pour les répétitions de danse corporelle ou de théâtre. C’est pourquoi les citoyens aisés passent leur temps libre dans les villes côtières pour des séjours de détente plus ou moins longs.

Dans les zones rurales, c’est le désœuvrement

Pour avoir une idée sur la situation des jeunes en milieu rural, nous nous sommes déplacés dans la délégation de Chebika, et plus précisément au village de Rouisset, où nous avons relevé beaucoup de carences auxquelles il est possible de remédier en ce qui concerne les loisirs. Ici, la plupart des villageois vivent de l’agriculture et des quelques carrières de pierre qui ont causé beaucoup de dégâts aux plantations et aux habitations.

Affalés au pied d’un arbre, Makram Fatnassi et Ali Oueslati, âgés de 23 ans, discutent du concours qu’ils ont passé et dont ils attendent les résultats avec impatience : «Ici, à Rouisset, ce qui nous pèse le plus, c’est de sentir qu’on ne peut rien faire. L’inactivité nous pèse. Les journées se suivent et se ressemblent sans rien apporter de nouveau ni d’intéressant à notre vie. Nous, les jeunes, nous n’avons aucune ambition. Il n’y a aucune perspective d’emploi à l’horizon. Nous rêvons de partir si l’occasion se présente. Nous ne disposons d’aucun centre de loisir et nous nous contentons de jouer aux cartes ou aux dominos. Vivre ici, à Rouisset, pour des jeunes comme nous, c’est de ne rien avoir à faire d’autre qu’attendre la mort. Le néant. C’est à cela que ressemble notre vie. C’est pour cela que certains de nos amis ont choisi l’émigration clandestine pour échapper à la pauvreté et à la platitude de cette vie…».

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